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Elles sont deux, aux portes de Turpan, Jiaohe et Gaochang, avec des histoires semblables: fondées il y a deux mille ans, elles ont été prospères jusqu'à leur ruine pendant les guerres avec les mongols vers l'an douze cent, puis complètement abandonnées sous les Ming.

Elles sont toutes les deux très évocatrices mais nous avons préféré la seconde, Gaochang, visitée en charrette à âne.

Le conducteur de la charrette était très beau, aussi peu loquace que son âne était rétif.

LLe grand timonnier est toujours sur tous les billets de banque, donc jamais loin, mais, depuis un mois, une petite chose nous intrigue fortement:

alors qu'on ne voit son portait nulle part, ni dans la rue, ni dans les magasins, les brocanteurs, les marchands d'antiquités, les marchands d'art se débrouillent tous pour avoir au moins un objet à l'effigie de Mao.

La plupart du temps ce sont des objets manifestement sans valeur, assiettes, théières, affiches, statuettes de bronze ou porcelaine, petit livre rouge, qu'ils ne peuvent raisonnablement espérer vendre.

Nous avons interrogé tous nos guides et tous les gens que nous avons pu sur les raisons de cette présence d'images de Mao chez cette catégorie de commerçants et celle-là seulement, et nous n'avons pas obtenu de réponse

(les chinois sont très forts pour ne pas comprendre les questions!)

A Turpan, oasis située en dessous du niveau de la mer, et très soigneusement irriguée par des milliers de kilomètres de canaux souterrains, le travail de la vigne est une tradition ancestrale et les vignes y sont magnifiques.

Dans cette ville très chaude, les gens ont besoin d'ombre,

et beaucoup de maisons ont une terrasse recouverte de vigne;

la promenade favorite des habitants de Turpan est une allée piétonnière

entièrement couverte de vigne.

La plus grande partie du raisin est séché dans des milliers de séchoirs en briques crues,

les grappes y sont pendues à des arbres ébranchés.

Les raisins secs dont Turpan pourvoit toute la Chine sont excellents.

Le vin que ces bons musulmans produisent et qui est vendu sous le nom de "vin du désert de Gobi", est un vin très lourd, qu'évidemment on n'a pas le droit de boire, sauf qu'il est avec le ciel des accomodements, comme à Shiraz, en Iran.

Nous n'arrêtons pas de le parcourir depuis dix jours.

AAvec la joie de voir s'élever de temps en temps un tourbillon de sable.

ou quelques chameaux.

Il est souvent strictement minéral,

et parfois on voit de hautes montagnes dans le lointain.

Mais le plus frappant sont les travaux gigantesques pour l'irriguer, le planter d'arbres et le transformer en terres agricoles.

Cela se traduit pas des millions de peupliers qui apparemment se contentent de peu d'eau.

Et dès que cela est possible des champs sont formés et cultivés.

Hier, nous avons traversé au sud de Kuqa, une zone de cent kilomètres qui a été gagné sur le désert, grâce à de nombreux canaux qui amènent de l'eau et là, ils forment de très grandes parcelles (contrairement à l'habitude ancestrale chinoise) cultivées avec du matériel, tracteurs et charrues, qui n'a rien à envier à celui que l'on utilise en Europe.

Au milieu, pousse une ville qui n'a sans doute aujourd'hui que cent mille habitants mais qui a été prévue pour cinq cents mille et qui les aura sûrement bientôt.

Ce pain en forme de galette circulaire et très plate, cuit très rapidement collé aux parois d'un four qui ressemble à un tandor indien. Il est fabriqué à tous les coins de rue dans le Xinjiang, preuve supplémentaire que nous sommes bien dans une autre aire culturelle que la Chine: des pains semblables sont fabriqués en Inde et dans tous les pays du moyen et proche orient jusqu'à la Turquie, et évidemment l'on n'en voit pas dans le reste de la Chine, ni ailleurs en extrême orient.

Il faut faire un peu de gymnastique pour l'enfourner.

Mais quand il sort du four, quel délice!